WE LIVE IN TIME | Critique : Quand l’amour n’a plus le temps

Réalisé par John Crowley (Brooklyn), We Live in Time est une exploration bouleversante de l’amour moderne racontée à travers une approche subtile du mélodrame romantique. Distribué par A24, le film associe Florence Pugh et Andrew Garfield, deux des acteurs les plus talentueux de leur génération, pour livrer un récit profondément émotionnel qui explore la complexité des relations humaines, l’autonomie et le sacrifice. Grâce à une narration sincère et un humour délicat, Crowley ancre cette histoire poignante dans des expériences universelles.

Le film est sorti le 11 octobre 2024 aux États-Unis. La sortie française est, elle, programmée pour le 1er janvier 2025.

We Live in Time n’étant pas encore sorti en France, cette critique ne contient pas de spoilers.

HISTOIRE

Le film tisse une fresque complexe de l’amour, de la perte et de la résilience, en retraçant la vie d’Almut (Pugh), une cheffe passionnée, et de Tobias (Garfield), un jeune divorcé. La narration adopte une structure non linéaire, alternant entre différents moments de leur relation pour révéler ses joies, ses peines et ses nuances. Cette structure reflète la nature fragmentée de la mémoire, offrant une méditation sur la façon dont nous nous accrochons au passé tout en affrontant l’incertitude de l’avenir.

Le récit se concentre sur leur histoire d’amour, mise à l’épreuve par leurs ambitions respectives et des défis bouleversants, notamment le diagnostic de cancer d’Almut. Le film explore les sacrifices qu’impose l’amour, la fragilité des aspirations humaines et la tension entre indépendance et connexion. Almut lutte pour maintenir son identité professionnelle malgré la maladie, tandis que Tobias incarne le soutien indéfectible, introduisant des moments de tendresse. Cependant, le film ne s’éloigne jamais de la réalité brute de leur situation, équilibrant émotion intense avec des touches d’humour et d’espoir. Et bien que la trame puisse sembler classique, elle déjoue les attentes en insufflant une modernité à ses personnages.

PERSONNAGES ET PERFORMANCES

Florence Pugh brille dans l’un des rôles les plus marquants de sa carrière, incarnant Almut avec une intensité et une sensibilité remarquables. Son interprétation est richement nuancée, exprimant des émotions complexes à travers des gestes subtils et des regards significatifs. Elle donne vie à un personnage à la fois farouchement indépendant et profondément vulnérable.

Andrew Garfield complète cette intensité avec un jeu d’acteur empreint de douceur et d’authenticité. En tant que Tobias, il incarne un partenaire attentionné et résilient, équilibrant légèreté et gravité avec aisance. Leur alchimie à l’écran est indéniable, rendant leur histoire d’amour sincère et captivante.

Les performances secondaires, notamment celle de Grace Delaney dans le rôle de leur fille Ella, enrichissent l’histoire. La jeune actrice apporte une chaleur et une authenticité supplémentaires, liant le couple à un héritage émotionnel.

CINÉMATOGRAPHIE ET MUSIQUE

La cinématographie de Stuart Bentley est d’une beauté saisissante. Elle combine des gros plans intimes et des plans larges qui mettent en valeur le poids émotionnel du récit. La palette visuelle, chaleureuse et évocatrice la plupart du temps et mise en opposition à des couleurs froides de temps à autre, s’appuie sur une lumière naturelle qui amplifie le réalisme du film. 

La musique, composée d’une bande sonore subtile et mélancolique offerte par Bryce Dessner, soutient parfaitement le récit sans jamais le submerger. Le design sonore est également remarquable, capturant la vie quotidienne — des bruits d’une cuisine animée à la quiétude des moments de réflexion. Ce souci du détail renforce l’immersion dans l’univers du film.

MONTAGE VIDÉO ET RYTHME 

Le montage est essentiel pour donner vie à cette histoire non linéaire. Bien que l’approche puisse sembler ambitieuse, elle est exécutée avec précision, permettant au récit de se dérouler de manière organique. Les transitions entre les différentes périodes sont fluides, créant un rythme qui reflète les flux et reflux de la vie des personnages.

Le rythme général du film trouve un équilibre délicat entre le temps consacré aux moments intimes et la progression de l’histoire. Chaque scène semble avoir un but précis, culminant dans un final émouvant qui lie habilement les thèmes de l’amour, du sacrifice et de l’héritage.